L'association OETH fête ses 30 ans !

L'association OETH à 30 ans

30 ans d'engagement en faveur d'une politique handicap ambitieuse pour le secteur sanitaire et social associatif.

Et qui dit 30 ans, dit 30 portraits de personnes oeuvrant chaque jour pour l'inclusion des personnes en situation de handicap. Parmi eux, nous retrouvons Richard Durbiano, conseiller Cap Emploi Hérault au sein de l’APSH34.

« LES EMPLOYEURS SONT PRÊTS À RECRUTER DES TRAVAILLEURS EN SITUATION DE HANDICAP, TANT QU’ILS ONT LES COMPÉTENCES ATTENDUES »

Depuis vingt ans, il œuvre auprès des employeurs pour permettre une inclusion durable des travailleurs handicapés dans l’emploi.Voici son interview :

Qu’est-ce que le réseau Cap emploi ?

Le Réseau Cap emploi a été créé à la demande de l’AGEFIPH en 2000. C’est un réseau de 98 structures associatives qui exercent une mission de service public, orientée vers deux axes : l’insertion et le maintien dans l’emploi des travailleurs en situation de handicap. Nous accompagnons les travailleurs mais aussi les employeurs. L’objectif des Cap emploi est de favoriser le recrutement et le maintien dans l’emploi des personnes en situation de handicap dans les entreprises, qu’elles soient privées ou publiques. Les Cap emploi apportent un service de proximité aux personnes et aux employeurs pour toutes les questions relatives au handicap sur le champ professionnel. Nous aidons les personnes à construire leur projet professionnel en nous concentrant sur leurs capacités et leurs compétences, pour arriver à les reclasser professionnellement. Tout récemment, les Cap emploi se sont rapprochées de Pôle emploi. Nous suivons maintenant les personnes au sein du « Lieu Unique d’Accompagnement », commun aux deux organismes dans les agences Pôle emploi.

En quoi consiste concrètement vos missions de conseiller ?

Je suis conseiller à dominante entreprise : j’ai un portefeuille de personnes que j’accompagne dans leurs démarches de retour vers l’emploi et je mène des actions de sensibilisation et de mobilisation auprès des employeurs. Chaque jour est une nouvelle expérience, je démarche les entreprises, je rencontre de nouveaux employeurs, je fidélise certains qui au fil des années nous font intégralement confiance et je fais de la médiation. Je me déplace sur le site de l’entreprise pour définir les prérequis en compétences, savoir-faire et savoir-être pour le poste proposé par l’employeur. Je vais mesurer quelles sont les contraintes, les tâches que la personne devra effectuer sur le poste avec ou sans aménagement, etc. Mon objectif est de permettre le recrutement d’un·e salarié·e compétent·e pour le poste proposé. Le métier de conseiller est parfois complexe, notamment lorsqu’on ne trouve pas de solution pour quelqu’un, il faut alors faire preuve d’humilité, mais il est très enthousiasmant, sinon je ne l’exercerais pas depuis aussi longtemps.

Pensez-vous que le regard des employeurs a changé concernant l’embauche de travailleurs en situation de handicap ?

La démystification du handicap est forte aujourd’hui. Nous sommes très loin des a priori négatifs qui existaient avant la loi de 2005. Les employeurs sont pour la plupart prêts à recruter des travailleurs en situation de handicap, tant que ces personnes ont les compétences attendues. C’est pourquoi il faut d’un côté sensibiliser et de l’autre chercher des candidats en situation de handicap qui seront à même de répondre à la fiche de poste. La sensibilisation consiste, entre autres, à expliquer aux recruteurs que 80 % des personnes en situation de handicap ont un handicap invisible ; que moins de 10 % des embauches de ces travailleurs nécessitent un aménagement de poste ; que seuls 18 % des handicaps le sont de naissance : c’est donc majoritairement au cours de la vie que la situation de handicap survient, avec des maladies, des accidents de la vie ou une usure professionnelle. Cela signifie que tout le monde peut potentiellement être concerné ! Le premier travail, c’est d’expliquer à l’employeur qu’une personne en situation de handicap peut être tout aussi performante qu’une autre si la prise en compte du handicap est faite. Le vécu de la personne et le fait qu’elle ait surmonté des obstacles témoignent souvent d’une force de caractère et d’un investissement en entreprise supérieurs à ceux d’un salarié valide. Recruter une personne en situation de handicap, c’est recruter quelqu’un qui va amener un investissement très fort au sein de son collectif de travail, ne serait-ce que pour montrer que, même en situation de handicap, on peut être tout à fait compétent et « faire le travail ».

L’accompagnement d’un conseiller Cap emploi se poursuit-il une fois que la personne est embauchée ?

Absolument. Nous avons une mission de suivi et d’accompagnement du salarié pendant la période d’essai. L’employeur peut aussi nous solliciter en cas de difficulté, ou si le handicap s’aggrave. On peut alors intervenir en médiation ou s’il y a des besoins d’aménagements spécifiques. Nous pouvons aussi faire la liaison avec le médecin du travail et l’ergonome. Tout est prévu pour que la relation de travail continue dans de bonnes conditions entre l’employeur et le salarié. Notre accompagnement n’a pas de limitation de durée.

Que pouvez-vous nous dire sur le secteur ?

Le secteur du médico-social à but non lucratif, que j’ai intégré en 2002 en entrant à Cap emploi 34 a eu longtemps des a priori sur les personnes en situation de handicap. Le lieu commun était de dire que c’est compliqué et difficile de recruter des personnes en situation de handicap et qu’on n’a pas forcément le temps de le faire.

Ce qui m’a fait changer ma vision du secteur, c’est ma participation au dispositif pré qualifiant OASIS Handicap, financé par OETH ! Ce dispositif innovant nous a ouvert pas mal de possibles et permis de montrer qu’il y avait des reclassements envisageables dans le secteur. OASIS a vraiment fait changer, en tout cas sur l’Hérault, les regards avec quelques “portes drapeaux” qui ont été très importants pour nous (ex : le Hameau des Horizons..). L’APSH34 (organisme gestionnaire du Cap emploi 34, de l’emploi accompagné et du PIC Club Motiv’Action), les autres grandes associations s’occupant du handicap ont suivi, rejointes par des plus petites, intervenant dans le champ de l’insertion. Cela a donné de très bons résultats avec des contrats d’alternance suivis de contrats pérennes que les stagiaires d’Oasis ont pu signer !

Pour conclure, c’est un secteur qui a de vraies valeurs d’humanisme. Une fois que l’on attire l’attention sur les possibilités réelles de reclassement et que des premières expériences se font, ça se passe vraiment bien. On dit « que l’on arrive souvent par hasard dans le médico-social, mais on si on y reste, ce n’est pas par hasard ».

Pour retrouver les 29 autres portraits, c'est par ici : Site de l’OETH – 30 ans de l’association

article crée le 17/02/2022
dernière modification le 24/02/2022


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